LE POGNON

Toutes les semaines notre camarade retraité, Patrick Latil, nous adresse un billet sur l’actualité. Ainsi, cette semaine, il nous rappelle à la triste réalité…
Si certains d’entres vous pensent qu’au terme de ces huit semaines d’incarcération le monde en sortira plus solidaire et qu’un élan de générosité touchera nos dirigeants, j’ai la vague impression qu’il va falloir réviser sérieusement vos copies.
C’est plutôt le grand retour du capitalisme outrancier qui nous est annoncé. L’argent (tient on l’avait oublié celui-là!) est en train de reprendre ses droits avec ce qu’il a de plus vil et de plus abject.
Pour s’en persuader, il n’y a qu’à voir ce qu’il reste des 1000 euros que l’on a fait miroiter aux salariés du commerce. Les belles promesses d’hier se sont vites transformées en désillusion pour les travailleurs de ce secteur. Remarquez à cela rien d’étonnant, les enseignes de la grande distribution ont bâties leurs empires sur les scandales puants de la malbouffe, de la pollution des océans par leurs déchets plastiques, sur l’appauvrissement de nos éleveurs et l’exploitation outrancière de leurs employés.
Tous ces patrons scélérats qui font le tapin pour leurs actionnaires viennent maintenant nous jouer les bons samaritains en nous faisant payer, soit disant, les masques à prix coûtant. Quoi de plus naturel, puisqu’ils prélèvent une dîme sur le dos de leurs salariés, calculant la prime au prorata des heures de présence.
Lorsque vous passerez au supermarché faire vos courses, n’oubliez pas de remercier deux fois la caissière. La première, pour avoir fait don de sa santé et la seconde pour bénévola au profit du conseil d’administration dont les membres se prennent maintenant pour les nouvelles Mères Thérésa.
A propos de ces satanés masques, comment Carrefour et Auchan ont-ils pu en stocker des millions dans leurs entrepôts, alors que dans les semaines précédentes ils étaient inscrits aux abonnés absents et que le petit potentiel restant dans les pharmacies n’était exclusivement réservé qu’aux professionnels de santé?
Autre sujet brûlant, le chômage partiel. Gouvernement, économistes, médias, tout le monde s’emploie à dire que ces deux mois d’inactivité coûteront à la France des milliards d’euros et une récession sans précédent.
Que fait-on des victimes des EHPAD et autres maisons de retraites à qui on ne versera plus aucune pension ?
Quelle économie pour l’état et les assurances complémentaires ?
Les dirigeants de ce pays, comme à leur habitude, sont en train de façonner un fatalisme inéluctable afin d’infliger à la population de nouvelles mesures d’austérité.
Si le gouvernement cherche des fonds, qu’il commence par réinstaurer l’ISF, ça permettra de financer certains secteurs en péril tout en donnant bonne conscience aux planqués du grand capital, qui pour sauver leur peau et leurs dividendes, n’ont pas hésité à se servir des travailleurs comme bouclier humain.
Si certains pensaient que le coronavirus avait eu pour effet de changer la nature vénale de notre Président, le faisant verser dans le social et l’humanitaire, ils en seront pour leur frais. Vous ne vous attendiez tout de même pas à ce qu’il entonne les paroles d’Imagine de John Lennon ou qu’il rejoigne dans les plus brefs délais l’union locale CGT la plus proche de l’Elysée ?
On a beau se creuser la tête mais la seule chose qui rime avec son nom, ça reste POGNON.
Patrick Latil – Marseille, le 4 avril 2020
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