Toutes les semaines notre camarade retraité, Patrick Latil, nous adresse un billet sur l’actualité. Cette semaine, il jette un regard sur la production française…
Le coronavirus aura au moins démontré à notre cher Président que notre pays est complètement tributaire des importations.
Quelle surprise pour lui de découvrir que les masques et les médicaments sont fabriqués en Chine, que le curare pour endormir les patients vient de Hollande, que les écouvillons pour le dépistage sont conçu en Italie et que le gel hydroalcoolique de nos hôpitaux provient en grande partie d’Allemagne.
Eh oui, la France ne fabrique plus rien ! La faute à qui ?
Certainement pas aux ouvriers, aux employés et encore moins à tous ceux qui cherchent désespérément un emploi depuis des lustres. On a laissé aux mains de banquiers avides, d’investisseurs véreux et de spéculateurs en tous genres, le fleuron de nos entreprises les plus performantes au monde. Fini la sidérurgie et la métallurgie du bassin Lorrain, démantelées les filatures du Nord-Pas-de-Calais, réduites à néant les manufactures d’armes et cycles de Saint-Etienne et quels tristes souvenirs que la fin agonisante des chantiers navals de La Ciotat. Quand à la construction automobile, délocalisée dans les pays de l’est.
Le démantèlement à grande échelle avait déjà commencé au siècle précédent, il n’a fait que s’affirmer au cours de celui-ci.
Des fabriques d’électroménager au secteur de la pétro-chimie, des faïenceries à l’horlogerie de précision, des aciéries aux laboratoires pharmaceutiques, tout a été abandonné avec dédain aux autres nations. Je n’invente rien, même le fusil d’assaut qui équipe notre propre armée est fabriqué outre Rhin.
Le grand capital a sacrifié nos compétences, notre savoir faire et nos emplois sur l’autel du profit avec l’aval des gouvernements successifs, qui n’ont eu cesse que de brader nos entreprises.
Tout est maintenant conçu à l’étranger, puisque tout y est moins cher, de la matière première jusqu’à la main d’oeuvre, même si pour cela on n’hésite pas à faire travailler des enfants.
Rien n’a été épargné, ni le secteur agro-alimentaire, ni les quotas absurdes imposés à nos pêcheurs et encore moins la faillite des exploitations rurales qui condamne nos agriculteurs à l’esclavagisme ou la seule alternative qui s’offre à eux reste le suicide. Et encore, ne parlons pas de cette idiotie sortie certainement du crâne ramollit d’un technocrate de l’ENA et que l’on nomme, le flux tendu. Même pour un simple joint de robinet il faut presque attendre un mois de délai, car le stock est inexistant, puisque c’est de l’argent qui dort.
Et tout à coup le président s’offusque et s’indigne de la dure loi du marché qui fait aujourd’hui augmenter le prix du masque, comme elle le faisait hier pour le litre d’essence à la pompe. Il reste bouche bée devant les agissements crapuleux de ses amis américains qui détournent à coup de dollars du matériel médical qui nous est destiné, à même le cul des avions sur le tarmac d’aéroports chinois.
Non ! monsieur le Président on ne prend pas cet air stupéfait quand on est atteint comme vous d’un dénie de réalité.
Qu’il ne vienne surtout pas nous chanter les louanges de jours meilleurs ou nous pourrions relancer nos fabriques et usines, qui pour lui comme pour son entourage, ne s’évaluent exclusivement qu’en termes de profit. Qu’il arrête de faire à la télévision son mea culpa hypocrite, car il est l’un des responsable de la casse à grande échelle de notre industrie, à laquelle il a ajouté, celle de tout le service public et plus particulièrement de notre système de santé. Pour que ce monde change, il faudrait arrêter de le calculer exclusivement qu’en valeurs boursières. Macron voudrait qu’au sortir de ce confinement nous fabriquions français, mais des millions de citoyens de ce pays attendent surtout de sa part des explications sur la gestion d’une crise ou nous avons manqué cruellement de tout et particulièrement du matériel le plus basique.
Pour retrouver une production digne de ce nom en France, il faudra voir le monde du travail autrement qu’à travers celui de la finance.
Marseille, le 20 avril 2020
Patrick Latil